Vous pouvez obtenir les informations techniques de la randonnée en autonomie au Fjord-du-Saguenay.
La randonnée en autonomie, quelle aventure ! Vous vous souvenez sûrement tous de votre première longue randonnée sauf si comme Lili, vous étiez déjà sur le sentier avant de souffler votre première bougie. Sa mère est tout comme moi, une passionnée de plein air. Donc, à moins d’avoir eu des parents aventuriers, vous gardez sûrement un vif souvenir de la première fois que vous avez mis votre sac sur votre dos pour vous enfoncer 3 jours dans la nature. Vous n’avez sûrement pas oublié les émotions qui vous habitaient avant votre départ, mais également pendant la randonnée : crainte, joie, excitation, curiosité, impatience, doute…
Vous n’avez toujours pas osé ? Qu’est-ce que vous attendez ?
Si vous cherchez des informations techniques sur la randonnée du Fjord-du-Saguenay, vous trouverez les informations dans la deuxième partie de mon récit sur le Fjord-du-Saguenay.
MA PREMIÈRE RANDONNÉE EN AUTONOMIE
Ma première fois, c’était le 25 juillet 2016, sur le sentier Le Fjord dans le Parc national du Fjord-du-Saguenay au Québec. J’avais bien tenté de planifier une randonnée en autonomie avec une amie cet été-là, mais nos horaires ne concordaient pas. À cette époque, j’apprenais à faire des activités par moi-même et à ne plus attendre après les autres. J’ai donc décidé de partir seule.
LES PRÉPARATIFS
Être seule signifiait que je devais également organiser cette aventure en comptant que sur moi-même. Je devais trouver une randonnée qui allait convenir à mon statut de débutante, mais également à mon budget. La randonnée au Fjord-du-Saguenay répondait à mes besoins : proximité, budget, durée, difficulté. Je devais également déterminer l’équipement dont j’avais besoin, choisir les modèles que je désirais et acheter, louer ou emprunter l’équipement nécessaire. Ensuite, je devais déterminer la nourriture que je souhaitais emporter. J’ai lu plusieurs blogues et articles, j’ai questionné les vendeurs et j’en ai parlé avec mes quelques amis qui pratiquaient également la randonnée. Une bonne organisation étaient primordiale. Une fois seule dans la nature, je ne pouvais compter que sur moi et ce que j’allais porter, je devais donc m’assurer d’avoir tous les éléments essentiels.
ASTUCES POUR LES CANADIENS
Mountain Equipment Coop (MEC) offre parfois des ateliers sur divers sujets, dont l’équipement de randonnée. En bonus : ces ateliers sont gratuits. Allez découvrir leurs évènements sur leur site web pour voir les différentes options (cours privé pour un groupe, atelier en magasin ou même des activités en groupe).
DÉCOUVERTE D’UNE PASSION
Je vous mentirais si j’essayais de vous faire croire que j’étais calme et sereine à l’idée de cette aventure. J’avais toutefois une certitude avant de partir : j’allais adorer. J’avais raison, mais je sous-estimais l’ampleur de l’impact. Je suis devenue dépendante à la randonnée, mais davantage à la randonnée en autonomie. Rien au monde n’égale la sensation de porter ma vie sur mon dos et de parcourir des kilomètres en utilisant mes pieds.
JOUR 1
DÉTAILS TECHNIQUES
Québec-Baie Sainte-Catherine
- Honda Accord 2001
- 212 kilomètres
Baie Sainte-Catherine – Tadoussac
- Traversier
- 1,5 kilomètres
Tadoussac- Refuge du Cap de la Boule
- Chaussures de marque inconnue
- 10,5 kilomètres
LE GRAND DÉPART
J’ai stationné ma voiture dans le stationnement tout près du traversier. Rapidement, j’ai trouvé l’entrée du sentier et j’ai commencé à marcher. J’ai croisé au même moment, un couple qui terminait le sentier. Ils m’ont informé avoir croisé un loup blanc la veille en me disant de faire attention. J’étais quelques peu étonnée m’attendant davantage à croiser des ours que des loups, mais j’ai rapidement oublié leur avertissement.
La première heure, je m’arrête partout. Je ne me sens pas fatiguée. Je prends une photo par-ci, une autre par-là. Comme j’ai conduit toute la matinée, il est rapidement l’heure du lunch et après moins d’une heure, je prends une pause repas avant de repartir vers le sommet du mont Adéla-Lessard.
L’HUMIDITÉ ET LA FATIGUE SE JOIGNE À MOI
Peu de temps après le repas, la pluie a commencé et les multiples pauses photos se sont terminées. Le reste de la journée est un peu flou.
Je me souviens que je marche en forêt la majorité du temps et que j’aperçois parfois au travers des arbres, le Fjord-du-Saguenay.
Je me souviens que je me sens très fatiguée.
Je me souviens avoir eu des doutes et des craintes par rapport à mon aventure.
Je me souviens avoir trouvé la journée longue, très longue.
Je me souviens que je suis étonnée du temps dont j’ai besoin pour me rendre au refuge.
Je me souviens d’une montée particulièrement abrupte.
Je me souviens du poids de mon sac à dos.
Enfin, je me souviens du soulagement lorsque j’ai finalement aperçu le refuge devant moi.
Honnêtement, je ne me souviens pas d’avoir eu du plaisir.
UN ABRI ET LA SATISFACTION
En voyant le refuge, je m’y suis précipitée.
Je voulais m’abriter des éléments, je voulais des vêtements secs, je voulais m’asseoir et ne plus bouger, je voulais manger et je voulais aller me coucher.
Je ne suis pas seule ce soir-là au refuge. En effet, je partage l’endroit avec une famille de quatre français et deux autres couples. Un couple de québécois parcourt le sentier dans le même sens que moi. Contrairement à moi, ils marcheront 4 jours, s’arrêtant au dernier refuge à 3 kilomètres de la fin du sentier. Je les retrouverai donc demain soir au prochain refuge.
Une fois au sec et rassasiée, la nervosité de la journée disparaît et est remplacée par un sentiment de satisfaction, celui-là même qui me guide après chaque journée difficile sur un sentier. J’ai eu des jours de randonnée bien plus difficiles depuis, mais la nouveauté, la solitude et la météo lors de cette journée ont su me donner une bonne idée de ce que demandait la randonnée en autonomie.
JOUR 2
DÉTAILS TECHNIQUES
Refuge Cap de la Boule – Refuge de l’Anse-Creuse
- 11,8 kilomètres
UNE RENCONTRE SAUVAGE
Au matin, la pluie a cessé, mais un épais brouillard m’empêche d’apercevoir le paysage. Je croise les doigts pour qu’il se dissipe avant mon départ et j’allonge mon temps de préparation. Je suis supposée avoir des vues magnifiques sur le Fjord-du-Saguenay tout au long de la journée.
Je commence à marcher, j’observe tranquillement le paysage qui m’entoure, je me perds dans mes pensées. Puis, je m’arrête soudainement. À une centaine de mètres devant moi se trouve un ourson, un ourson seul. Il ne me voit pas, il est occupé à dévorer les bleuets qui recouvrent le sol. Qui suis-je pour le juger?
Étant un fier « bleuet » originaire du Lac-Saint-Jean, je ne peux pas résister à une bonne talle de bleuets.
Bien que l’ourson par lui-même ne soit pas particulièrement dangereux, ma nervosité augmente, car qui dit ourson, dit maman ours. Je ne souhaite surtout pas me trouver entre elle et son ourson, elle pourrait réagir pour le protéger. Je me sens tout de même en sécurité puisque je suis en haut d’une paroi et je peux donc difficilement me retrouver entre maman ours et son ourson. L’ourson se trouve encore loin de moi, mais pour poursuivre mon chemin, je dois m’en rapprocher et m’éloigner de la paroi, une position qui ne me plaît pas. Je prends mes bâtons de randonnée et je les cogne ensemble dans les airs afin de faire du bruit et avoir l’air monstrueuse. Il s’éloigne un peu et continue à dévorer ses bleuets.
Je ne dois pas avoir l’air aussi monstrueuse que je le souhaite.
Je décide donc que je vais profiter du moment pour m’asseoir près des tours d’Hydro-Québec et observer la vue pleine de brouillard du Fjord en mangeant une barre de céréales.
Pas besoin de patienter très longtemps. Le brouillard commence à se retirer et le Fjord se dévoile peu à peu devant mes yeux.
L’ourson en a profité pour s’éloigner davantage et je poursuis sur le sentier.
LE FJORD DE HAUT EN BAS
Tel qu’attendu, je reste près du Fjord tout au long de la journée. Je descends d’abord pour atteindre le niveau du Fjord et je remonte ensuite pour observer à nouveau le Fjord sur les parois.
La journée se déroule beaucoup mieux que la veille. Il fait soleil et je tolère mieux le poids de mon sac. Je fais plusieurs pauses, mais je demeure anxieuse du temps dont j’ai besoin pour me rendre au prochain refuge. Le couple m’a dépassé en matinée et je ne les ai pas revus. Ils sont donc devant moi et bien plus rapide.
Je tente d’accélérer la cadence et de diminuer les pauses en après-midi. Je monte sur une roche et je reçois de l’eau sur mon épaule. Il ne pleut pas pourtant et le soleil est toujours aussi présent. De toute façon, je n’ai pas reçu une goutte d’eau, j’ai reçu un jet d’eau. Je m’arrête, dépose mon sac à dos puis constate le problème. L’une de mes bouteilles d’eau a perdu son bouchon. Je regarde autour de moi et revient un peu sur mes pas, mais je ne trouve rien. Oups. J’ai seulement 2 bouteilles de 1,5 litres et comme je dois traiter l’eau provenant des ruisseaux, elles ont besoin d’un temps d’attente avant que je puisse y boire l’eau. J’ai besoin d’un 2e bouchon, je vais donc m’en fabriquer un. Sauf que…
Vous devez savoir une chose importante sur moi : Je ne suis pas une bricoleuse, ni une artiste et mon côté créateur est très bien caché. J’ai avec moi du duct tape (gros ruban adhésif). On m’a informé qu’avec cela, je pouvais tout réparer ou presque. Je dois vous avouer qu’à ce jour mon bouchon est sans aucun doute la création dont je suis la plus fière. Il a joué son rôle à (presque) merveille pour les 2 jours qui ont suivi sans toutefois être 100% étanche. Réutilisable, je pouvais enlever le bouchon pour remplir ma bouteille et le remettre à sa place. Lorsqu’en place, je perdais très peu d’eau de ma bouteille.
Tout en marchant, j’ai en tête les différents problèmes que je pourrais rencontrer. Qu’est-ce que je fais si je me casse une jambe et que je ne peux plus marcher ? Vont-ils s’inquiéter de mon absence au refuge ce soir ou bien croire que j’ai quitté le sentier lorsque possible ? Malgré les quelques inquiétudes, je profite bien de cette journée. J’arrive finalement assez tôt au refuge. Une fille est présente et est allongée au soleil, mais le couple n’y est pas. Cette fois, je retourne la question. S’ils n’arrivent pas au refuge, est-ce que je dois m’inquiéter ou croire qu’ils ont choisi de quitter le sentier? Ils devraient déjà être arrivés, je ne les ai pas revus depuis qu’ils m’ont dépassés.
Pour l’instant, c’est le temps de me relaxer. Je m’installe au soleil en maillot de bain, avec un livre et un petit verre d’alcool et je profite de la vue sur le Fjord que m’offre le refuge…
Le couple arrive finalement après moi. Ils sont allés se promener sur le bord du Fjord sur l’heure du midi et je ne les ai pas aperçus. En discutant avec eux, ils me disent avoir aperçus un chien blanc dans la journée et que son propriétaire n’était pas très loin. Pendant cette 2e journée, nous nous sommes effectivement rapprochés de la civilisation en croisant les sentiers de la ferme 5 étoiles. Il n’est donc pas étonnant d’y avoir croisé des gens qui s’y trouvaient. Oh! Un chien blanc, ça me fait penser à quelque chose. Serait-ce le loup blanc dont le couple m’a parlé au départ du sentier?