Vous pouvez lire la première partie du récit de ma randonnée en autonomie sur le Fjord-du-Saguenay. Si vous cherchez les informations techniques sur cette randonnée, elles sont également disponibles.
Jour 3
Détails techniques
Refuge de l’Anse-Creuse – Accueil de la Baie Sainte-Marguerite
- 18,3 kilomètres
Visite de Sacré-Coeur
Ce matin, je quitte tôt le refuge. J’ai une longue journée devant moi et il devrait pleuvoir beaucoup. La randonnée inclut une section dans le petit village de Sacré-Cœur, situé sur la Côte-Nord au Québec. Bien que marcher sur le bord de la route ne soit pas le plus excitant, le charme du village demeure.
J’aperçois une affiche devant moi que je reconnais instantanément. Trois ans plus tôt, je suis venue ici avec mon amoureux de l’époque, celui duquel je guérissais encore les blessures de notre rupture lors de cette randonnée. C’est la première fois que je pense à lui depuis que j’ai mis les pieds sur le sentier. J’ai pourtant passé des heures seules à réfléchir tout en marchant. Pas une seule fois avant ce moment j’ai pensé à la rupture ou même à lui. Libre ! Je me sens libérée du poids d’une relation qui n’a pas fonctionné, mais surtout de la tristesse et de la remise en question qui s’en est suivi. Suis-je guérie ou est-ce seulement la magie de la nature ? Après avoir constaté l’effet de la randonnée sur mon corps et sur mon esprit, je peux confirmer que la magie de la nature a contribué à la guérison.
Le cœur léger, j’ai poursuivi ma randonnée. Possiblement un peu trop léger. Peu de temps après, je me suis trompée de chemin. Oups!
Après-midi mouvementé
Pendant que je rebroussais chemin, la pluie a commencé à tomber. Je marche rapidement tout au long de la journée et j’évite les pauses trop longues. Rien à faire, le temps empire. La pluie torrentielle se transforme en orage. Le tonnerre gronde. Je croise des endroits dégagés en raison des pylônes électriques. Je les parcours à grande vitesse. J’ai finalement le droit à une accalmie. J’entends le tonnerre au loin. Je m’arrête dans un endroit dégagé pour contempler le chemin parcouru et j’en profite pour faire un petit enregistrement de mes impressions.
« C’est vraiment impressionnant de regarder le chemin parcouru après autant de temps. Après 3 jours de marche. Là, j’ai hâte d’arriver par exemple. Ouf ! Je suis fière de moi, je l’ai fait ».
En continuant, je croise un abri 3 murs. Il a recommencé à pleuvoir et le tonnerre continue de gronder. Devrais-je m’y arrêter ? Il me reste à peine 5 kilomètres pour me rendre à la Halte du Béluga, où je rejoins mes parents. Ils retournaient au Lac-Saint-Jean, ma région natale, récupéraient ma voiture en chemin et l’apportaient à ma destination finale. Ils allaient ensuite parcourir les 3 derniers kilomètres du sentier en sens inverse afin de m’y rejoindre. J’allais donc terminer la randonnée en excellente compagnie et j’évitais les coûts associés au déplacement de ma voiture par une compagnie.
Je poursuis mon chemin et j’observe avec attention mon environnement pour y trouver des abris. Soudainement, je reçois quelque chose sur moi, puis à nouveau.
Est-ce que quelque chose tombe des arbres ?
Non.
C’est de la grêle. Il n’y a nulle part où m’abriter autour de moi. Je n’ai pas d’autres options que de poursuivre tout en tentant d’identifier des abris.
Le calme après la tempête
Lorsque j’arrive à la Halte du Béluga, je suis complètement trempée. J’ai juste le temps de m’y réfugier que la dernière colère du ciel s’abat sur moi. Les nuances du gris au noir sur le Fjord sont impressionnantes, mais surtout effrayantes. La pluie tombe, le tonnerre gronde. Je suis contente d’être enfin en sécurité entourée de gens venus tenter leur chance pour observer les bélugas qui passent régulièrement à cet endroit.
Le ciel se dégage. La pluie s’arrête. La nature tente de nous faire croire qu’elle n’a pas déversé sa colère et ses larmes sur nous tout au long de la journée. Mon corps lui s’en souvient. Une fois assise sans bouger, le froid se fait ressentir. J’ai bien ajouté quelques couches chaudes, mais ce n’est pas suffisant. J’en profite pour attendre les bélugas, mais ils sont déjà venus aujourd’hui et j’ai peu de chance de les voir. J’attends mes parents qui devraient arriver bientôt. Après plus d’une heure arrêtée, je commence à grelotter et je décide de poursuivre en espérant les croiser en chemin.
Après quelques minutes de marche, je croise mon père, seul. Lui et ma mère sont restés coincés à l’accueil en raison de la tempête. Il était déconseillé de s’aventurer sur le chemin. Après un petit moment d’attente, il a fait fi des recommandations et s’est dirigé vers le point de rencontre. À ce moment, le pire de la tempête est passé. La pluie continue, mais le tonnerre a cessé de gronder.
Après quelques minutes, on croise ma mère qui accompagne un groupe qui s’est également engagé sur le sentier. À ce moment, même la pluie a cessé et on marche tranquillement sur le sentier jusqu’à l’accueil où une nouvelle surprenante m’attend. Vous vous souvenez de la grêle qui est tombée un peu plus tôt. À une centaine de kilomètres d’où je me trouve, la grêle qui est tombé était d’une grosseur d’une balle de golf, voire de la grosseur d’une balle de baseball.
Encore à ce jour, je ne sais pas comment j’aurais pu me protéger adéquatement dans cette situation.
Le Fjord-du-Saguenay en 2 jours
Par Anne-Lise Charon, rédactrice invitée
Les randonnées sur le territoire de la Sépaq sont réfléchies afin d’être accessible au plus grand nombre. Pour cette raison, les campings et les refuges sont généralement situés à des endroits stratégiques afin de parcourir moins de 15 kilomètres par jour. Les randonneurs plus expérimentés se retrouvent confrontés à un dilemme : ils sont soit trop proches, soit trop loin.
Lorsque j’ai décidé de faire la traversée du sentier Le Fjord avec mes trois gaillards d’amis, compte tenu des possibilités de camping, nous avons décidé de faire le sentier en 2 jours. Cela signifiait dormir au camping Pointe à Passe-Pierre et marcher 24,6 km le deuxième jour. Le camping Pointe à Passe-Pierre, sur le bord du Fjord, a été réfléchie pour les kayakistes parcourant le Fjord-du-Saguenay sur l’eau.
Nous sommes également partis de Tadoussac, faisant fi des recommandations de Madame SÉPAQ lors de la réservation. Un bon dénivelé dès le départ ne nous faisait pas peur. La journée s’est déroulée sans encombre, avec un magnifique soleil et de très belles vues sur le Fjord. L’environnement du camping Pointe à Passe-Pierre est magnifique. En arrivant tôt au camping, vous pourrez vous installer sur la plateforme avec vue sur le fjord, la plus belle vue du camping.
Le deuxième jour a été plus difficile en raison de la chaleur importante. Traverser le village de Sacré-Cœur a été une épreuve. Je me suis retrouvée à monter une grande côte asphaltée sous le soleil tapant, avec en prime, l’estomac dans les talons. À ce moment-là, tout ce dont j’avais envie c’était trouver un espace ombragé, boire l’entièreté de ma bouteille d’eau et manger. Enfin, nous sommes revenus dans la forêt et avons pu nous installer sur un charmant petit pont de bois pour manger avant de poursuivre notre chemin. J’ai même pu me rafraîchir en trempant mes pieds dans le ruisseau.
Plus tard dans la journée, nous avons été accompagnés par le fameux loup blanc, un très beau et gentil chien qui habite près du sentier et aime faire sa marche quotidienne à l’ombre de la forêt.
Nous avons continué à accumuler les kilomètres, les belles vues mais aussi la fatigue. Les trois derniers kilomètres ont été très longs et les bélugas n’ont pas reçu ma visite lors de cette journée. À ce moment, je rêvais de m’étendre dans l’herbe et de prendre une douche. La journée avait été trop longue pour moi et la chaleur persistante avait ajouté à mon calvaire. Arrivée, enfin, au centre de découverte, j’ai retrouvé mes amis qui étaient partis devant afin de faire du stop et récupérer la voiture à Tadoussac. Une fois allongée dans l’herbe, emmitouflée dans mon sac de couchage avec une barre chocolatée, une chose était certaine : j’étais fière d’avoir fait cette journée de plus de 24 kilomètres.
Est-ce que je le referais ?
Si vous m’aviez posé la question ce soir-là, je vous aurais répondu NON, plus jamais ! Sauf qu’en réalité, j’aime les défis ! Alors sans hésitation, aujourd’hui, je répondrais absolument !
Pendant cette randonnée, j’ai découvert quelque chose d’essentiel lors de la randonnée en autonomie : la puissance du mental. Peu importe qu’on ait froid, faim, mal aux pieds ou envie de jeter son sac par-dessus la falaise, le mental nous fait avancer, un pas à la fois, surtout quand on est seul sur le sentier. Je suis capable, je suis forte et je suis fière de ce que j’ai accompli.
Comme je pars souvent en randonnée avec Marie-Andrée et qu’on apprécie toute les deux les défis, les sacrés défis, cette puissance nous a souvent été utile et le sera certainement à nouveau.
INFORMATIONS TECHNIQUES
Si vous avez envie de tenter l’expérience, il s’agit d’une excellente randonnée pour commencer la randonnée en autonomie. Vous pouvez trouver l’ensemble des informations nécessaires sur le site du parc national du Fjord-du-Saguenay. Pour réserver les refuges ou les campings sur le sentier, vous devez appeler directement la SÉPAQ.
La randonnée du Fjord de 41 kilomètres peut se faire en 2 à 4 jours.
- Option 1 : 2 jours en dormant au camping Pointe à Passe-Pierre. Inclut une très longue journée. Je la recommande uniquement pour des randonneurs d’expériences.
- Option 2 : 3 jours en dormant aux refuges de l’Anse-Creuse et Cap-de-la-Boule.
- Option 3 : 4 jours en dormant également au refuge de l’Anse-de-la-Barge. Idéal pour les débutants qui veulent raccourcir la première ou dernière journée de 18 kilomètres. Idéal si vous perdez une partie de votre première ou dernière journée sur la route considérant les 18 kilomètres à franchir.
Personnellement, j’ai effectué le sentier en sens inverse que ce qui est recommandé (et plus facile). Je vous présente les refuges et le camping en fonction de leur distance de l’accueil. Chaque refuge a une capacité d’accueil de 12 personnes (6 chambres). Les distances varient d’une page à l’autre sur le site officiel. J’ai pris celle qu’on trouve dans le tableau des distances, mais pourrait varier légèrement.
- Refuge de Anse-de-la-barge : 3,3 kilomètres
- Abri 3 murs des cèdres (Lean-to) : 8,4 kilomètres
- Refuge de l’Anse-Creuse : 18 kilomètres
- Camping Pointe à Passe-Pierre : 24,6 kilomètres (également pour le kayak-camping)
- Refuge Cap-de-la-Boule : 30,6 kilomètres
- Camping / Abri 3 murs de la Boule : 32,4 kilomètres
Il est relativement facile de faire du stop et retourner à Tadoussac à partir du centre de découverte car il n’y a qu’une route. Cependant, il est important de ne pas arriver trop tard afin qu’il y ait encore des gens sur le stationnement. Si vous parcourez le sentier en 2 jours, il est plus facile de commencer la randonnée au centre de découverte afin de faire du stop lors de la plus courte journée. Il est également possible de laisser sa voiture au centre de découverte et de faire du stop le premier jour pour commencer la randonnée à Tadoussac.
Soyez prévoyants et partez de bonne heure le matin.
COÛT
- Refuge (Été/Automne 2018) : 28,75 $ / adulte / nuit (enfant 6 à 17 ans : 21,56 $)
- Abri 3 murs : 12,50 $ par adulte
- Camping (Été/Automne 2019) : 23,80 $ par emplacement